Dysphorie de genre : qu’est-ce que c’est ?

Dysphorie de genre

La dysphorie de genre. Vous avez peut-être déjà entendu ces trois mots en vous demandant de quoi il s’agissait. Dans cet article, nous allons voir quel est ce mal être lié à l’identité de genre, comment le diagnostiquer, comment le traiter et comment soutenir les personnes qui en souffrent.

Dysphorie de genre : définition

Commençons par le commencement : la dysphorie est le contraire de l’euphorie. Il s’agit d’une perturbation de l’humeur qui se caractérise par un sentiment déplaisant et dérangeant d’inconfort émotionnel ou mental. Un personne dysphorique éprouve des sentiments intenses d’anxiété, de mécontentement, de tristesse, d’irritabilité, de mécontentement, voire d’indifférence au monde qui l’entoure.

La dysphorie de genre fait donc référence aux sentiments de détresse et de malaise qu’une personne éprouve lorsque le genre qui lui a été assigné ne correspond pas à son identité de genre, c’est à dire lorsque le genre auquel elle s’identifie est en conflit avec le sexe qui lui a été attribué à la naissance. Cette personne ne se considèrera donc pas comme cisgenre.

Les personnes qui souffrent de dysphorie de genre se sentent en confit entre les caractéristiques sexuelles de leur corps et ce qu’elles ressentent et pensent d’elles-mêmes. Elles peuvent éprouver un sentiment d’inconfort voire de détresse face au rôle traditionnellement attendu de leur sexe assigné, face au décalage entre la façon dont la société les considèrent et ce qu’elles ressentent physiquement et mentalement.

Quelles sont les causes de la dysphorie de genre ?

Les raisons exactes pour lesquelles une personne souffre de dysphorie de genre restent floues. Elle peut résulter d’un ensemble complexe de facteurs, notamment biologiques, psychologiques et sociaux. La génétique, les influences hormonales pendant le développement prénatal et les facteurs environnementaux peuvent être impliqués.

Voici une liste des raisons potentielles pouvant générer une dysphorie de genre :

  • l’exposition du fœtus à des produits chimiques qui perturbent les hormones
  • le développement défectueux de certains neurones liés au genre
  • le fait d’être né avec une maladie qui affecte les hormones sexuelles
  • un trouble psychiatrique, comme la schizophrénie
  • un trouble du spectre autistique
  • la présence d’un membre de la famille proche qui souffre de dysphorie de genre
  • des antécédents d’abus ou de négligence dans l’enfance

Il est difficile d’attribuer la dysphorie de genre à une cause spécifique. La recherche met toutefois en évidence un lien génétique, puisque la prévalence partagée est plus élevée chez les vrais jumeaux que chez les faux jumeaux.

Le début de la dysphorie de genre se produit souvent pendant la petite enfance. Bien que les mécanismes exacts ne soient pas clairs, nous savons que lorsqu’un enfant nait, le sexe qui lui est assigné détermine souvent la manière dont il est élevé et dont les autres interagissent avec lui. En grandissant, l’enfant peut commencer à ressentir un décalage entre son identité de genre et le sexe qui lui a été assigné. Dans certains cas, ce décalage peut entraîner des sentiments de dysphorie de genre.

Dysphorie de genre : symptômes et diagnostic

Vous trouverez ici la liste des symptômes de détresse ou d’inconfort par rapport au genre assigné qui permettent de diagnostiquer une dysphorie de genre chez les enfants ainsi que chez les adolescents et les adultes. On estime qu’une personne souffre de dysphorie de genre si elle éprouve plusieurs de ces symptômes pendant six mois ou plus.

Chez les enfants

Chez les enfants, ces symptômes doivent comprendre au moins six des éléments suivants pendant six mois ou plus :

  • l’insistance sur le fait d’être du sexe opposé, ou sur le fait de le désirer fortement
  • une préférence pour les vêtements typiquement associés au sexe opposé
  • préférer jouer avec d’autres enfants du sexe
  • un rejet des jouets ou activités typiquement associés au sexe qui leur a été assigné
  • une préférence pour les jouets, activités et jeux typiquement associés au sexe opposé
  • une préférence pour les jeux fantaisistes ou les jeux d’imagination dans le rôle du sexe opposé
  • l’expression d’une aversion pour les organes génitaux avec lesquels ils sont nés
  • le désir de posséder les caractéristiques sexuelles (ex : seins ou pénis) correspondant à leur identité de genre

Les enfants peuvent commencer à montrer des signes de dysphorie de genre entre l’âge de 2 et 4 ans. Ces symptômes s’aggravent souvent à mesure que les enfants grandissent, en particulier lorsqu’ils connaissent les changements physiques liés à la puberté. Les enfants qui expriment une forte conviction d’être dans le mauvais genre (comme un garçon qui dit « Je suis une fille ») sont plus susceptibles de devenir des adultes transgenres.

Attention, il est toutefois important de noter qu’il n’est pas rare que les enfants présentent des comportements non conformes au genre. Il est donc important de faire la distinction entre les comportements typiques de l’enfance et la véritable dysphorie de genre. En effet, de nombreux enfants qui répondent aux critères de la dysphorie de genre ne continuent pas à le faire en grandissant. Selon certaines recherches, seuls 10 à 20 % des enfants souffrant de dysphorie de genre continueront à en souffrir à l’adolescence.

Chez les adolescents et les adultes

Chez les adolescents et les adultes, le diagnostic requiert au moins deux de ces caractéristiques pendant six mois ou plus :

  • la certitude que leur genre ne correspond pas à leur corps physique
  • la conviction d’avoir les comportements, les sentiments et les réactions qui sont caractéristiques de son sexe vécu
  • un désir marqué de se débarrasser de leurs organes génitaux et autres caractéristiques sexuelles
  • un désir d’avoir les caractéristiques sexuelles du genre auquel ils s’identifient
  • une forte envie d’être d’un sexe différent
  • le désir d’être traité comme son sexe vécu

Comment traiter la dysphorie de genre ?

Le traitement de la dysphorie de genre est très individuel et repose sur les besoins uniques de chaque personne. Il n’existe pas d’approche unique pour aider les personnes qui en souffrent. Ce qui fonctionne pour une personne peut ne pas fonctionner pour une autre.

Le traitement vise généralement à aider la personne à explorer son identité de genre, souvent en lui permettant d’exprimer son genre d’une manière qui correspond à son sens interne du genre. Il peut s’agir de s’habiller d’une manière qui correspond à son identité de genre, d’utiliser des noms et des pronoms différents, ou de prendre des mesures médicales pour modifier son corps physiquement.

La thérapie

La thérapie peut donner aux individus un espace pour explorer leurs sentiments et leurs émotions. Le but n’est pas de changer les sentiments de la personne à l’égard de son sexe. La psychothérapie vise plutôt à aider les personnes à se sentir plus à l’aise dans leur identité et dans l’expression de leur genre.

L’objectif est d’aider les personnes à se sentir plus épanouies et à améliorer leur qualité de vie et leur bien-être en atténuant les sentiments de dysphorie. La thérapie peut également aider les personnes à gérer les problèmes qui surviennent à l’école, au travail ou dans les relations. Elle peut réduire les sentiments de dépression et d’anxiété et renforcer l’estime de soi.

La thérapie peut se dérouler individuellement, en couple ou en famille. Le conseil relationnel ou familial peut aider les partenaires, les parents et les autres membres de la famille à mieux comprendre ce que vit leur proche. Des groupes de soutien sont également disponibles et peuvent aider les personnes atteintes de dysphorie de genre à entrer en contact avec d’autres personnes qui ont des sentiments et des expériences similaires.

Pour certaines personnes, la thérapie peut résoudre leur dysphorie de genre. Pour d’autres, elle peut confirmer qu’elles souhaitent vivre dans un autre rôle de genre.

Les changements dans l’expression du genre

Certaines personnes peuvent décider de vivre à temps partiel ou à temps plein dans un autre rôle de genre. Cela peut inclure leur façon de s’habiller, et/ou l’utilisation d’un nom et de pronoms typiquement associés à ce genre.

Une personne peut également modifier l’expression de son genre de la manière suivante :

  • suivre une thérapie vocale pour développer des caractéristiques vocales différentes
  • s’épiler ou se faire greffer des cheveux
  • rabattre ou tasser les organes génitaux
  • lier ou rembourrer les seins
  • se maquiller et se coiffer

Les options médicales

Certaines personnes souffrant de dysphorie de genre peuvent souhaiter prendre des mesures supplémentaires pour les aider à vivre dans un autre rôle sexuel et donc préférer un traitement plus approfondi. Elles peuvent prendre des hormones et d’autres médicaments ou subir une intervention chirurgicale. Les traitements comprennent :

  • les bloqueurs de puberté : il s’agit d’hormones qui suppriment les changements physiques de la puberté. Par exemple, pour une personne assignée femme, les bloqueurs peuvent retarder la croissance des seins.
  • les hormones : les adolescents ou les adultes peuvent prendre des hormones sexuelles, œstrogènes ou testostérone, pour développer les traits du sexe auquel ils s’identifient (par exemple : la pilosité faciale).
  • la chirurgie : après une année de traitement hormonal, certaines personnes choisissent de subir une chirurgie de réassignation sexuelle ou d’affirmation du genre. Il peut s’agir d’ajouter ou retirer des seins, ou modifier les organes génitaux. Les experts recommandent de ne recourir à la chirurgie qu’après l’âge de 18 ans et après que la personne ait vécu dans le genre souhaité pendant au moins deux ans.

Avec l’aide de thérapeutes et de médecins, les personnes peuvent choisir le traitement qui leur convient le mieux. Cela peut dépendre en partie du fait qu’ils soient satisfaits de leur nouveau rôle social, des effets secondaires hormonaux et du fait qu’ils souhaitent ou non des modifications chirurgicales.

Dysphorie de genre

Les difficultés liées à la dysphorie de genre

Les personnes non-conformes au genre et leurs familles sont souvent confrontées à des niveaux élevés de stigmatisation et de discrimination. Les personnes atteintes de dysphorie de genre qui sont transgenres ou non-conformes au genre ont également un risque plus élevé d’être victimes de violence ou d’intimidation.

Les sentiments de dysphorie associés à un manque de soutien social peuvent souvent contribuer à la détresse mentale et conduire à des troubles de santé mentale comme, entre autres, la dépression, l’anxiété, la toxicomanie ou l’automutilation.

Les personnes qui ont recours à des traitements médicaux tels que les hormones ou les interventions chirurgicales peuvent également rencontrer des difficultés pour accéder à des soins de santé appropriés et à une couverture d’assurance pour leur traitement.

La recherche a également montré que les personnes atteintes de dysphorie de genre ont un risque plus élevé de décès par suicide que la population générale. Une étude a révélé que 48,3 % des participants atteints de dysphorie de genre ont déjà eu des idées suicidaires et que 23,8 % ont fait au moins une tentative de suicide.

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Comment soutenir un proche atteint de dysphorie de genre ?

Le soutien des proches est essentiel pour les personnes atteintes de dysphorie de genre. Celles qui bénéficient du soutien de leurs proches sont moins susceptibles de souffrir de dépression, d’anxiété et d’autres effets indésirables.

Lorsque vous parlez avec une personne qui en souffre, gardez les points suivants à l’esprit :

  • Écoutez-la : laissez-la vous parler de son expérience et de la façon dont la dysphorie de genre l’affecte
  • Reconnaissez sa détresse et sa douleur : ne banalisez pas ses expériences ou ses émotions
  • Demandez-lui comment vous pouvez l’aider : de quoi a-t-elle besoin ? qu’est-ce qui pourrait faciliter les choses pour elle ?
  • Encouragez-la à demander de l’aide : en particulier si elle présente des signes de troubles mentaux, de toxicomanie ou des envies suicidaires
  • Utilisez son(ses) pronom(s) préféré(s) : certaines personnes atteintes de dysphorie de genre préfèrent utiliser les pronoms correspondant à leur identité de genre, d’autres préfèrent les pronoms neutres

Pour lui montrer votre soutien, vous pouvez également lui proposer de l’accompagner à ses rendez-vous. Si la personne s’auto-mutile et/ou exprime des envies de tentatives de suicide, demandez une aide immédiate.